«Tous les Français connaissent quelqu’un qui a déjà craqué, s’ils n’ont pas eux-mêmes déjà basculé.» Benoît Hamon, député PS des Yvelines, en est convaincu : le burn-out gagne du terrain.
Pour contrer cette «casse» qui touche les salariés de tous secteurs d’activité, l’ex-ministre plaide pour que l’«effondrement professionnel», en version française, soit reconnu comme une maladie professionnelle.
En France, ils seraient plus de 3,2 millions de salariés «en situation de travail excessif et compulsif», selon Jean-Claude Delgènes, directeur du cabinet Technologia, spécialiste des risques professionnels. Soit 12% de la population active au bord du burn-out.
Chaque année, pourtant, seule une poignée réussit à faire reconnaître le caractère professionnel de ce mal s’attaquant à la fois aux ressources physiques et psychiques. Et pour cause, le burn-out n’a aucune définition officielle et n’apparaît pas dans les tableaux des maladies professionnelles utilisés par les médecins de la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) pour reconnaître automatiquement la cause professionnelle d’une pathologie.
Seule solution pour les victimes : passer par les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP), habilités à instruire les dossiers au cas par cas. Sauf que pour être traités, ces derniers doivent répondre à des critères drastiques – apporter la preuve du lien «essentiel et direct» entre la maladie et le travail et justifier d’une incapacité permanente partielle de plus de 25%. Un taux très élevé laissant peu de chances aux requérants. En 2013, ils ne sont que 239 à avoir obtenu une prise en charge par la branche accident du travail et maladies professionnelles (ATMP) de la sécurité sociale. Les autres, obligés de s’en remettre à la branche maladie, moins avantageuse, «sont sortis par la petite porte», estime Jean-Claude Delgènes.
«Il faut désétrangler ce système d’évaluation», martèle Marie-Françoise Bechtel, députée MRC. L’élue de l’Aisne se bat depuis plusieurs mois pour une modification législative du code du travail en faveur de la reconnaissance du burn-out en maladie professionnelle.
Et veut, comme Benoît Hamon, que le sujet soit abordé lors des débats sur le projet de loi relatif au dialogue social et à l’emploi du ministre du Travail, François Rebsamen, à partir de ce mardi à l’Assemblée.
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