De quels troubles psychiatriques souffre le Joker ?
Le Joker joué par Joaquin Phoenix laisse peu de spectateurs indifférents.
Il était attendu depuis longtemps par les nombreux fans du personnage ennemi juré de Batman : le film Joker en salle depuis le 9 octobre 2019 a déjà fait couler beaucoup d’encre.
En cause, la brutalité du long-métrage qui suit la déchéance d’un comique raté : Arthur Fleck. « Avions-nous vraiment besoin d’un film brutal sur une figure terroriste blanche qui utilise la violence armée pour se venger de la société qui le rejette ?« , s’interrogeait même dans un billet de blog la journaliste canadienne Kathleen Newman-Bremang, avant de répondre par la négative.
On l’aura compris, « Joker » a mis de nombreux spectateurs mal à l’aise.
Peut-être justement car le personnage est réaliste sur le plan psychologique ?
Qualifié de « terroriste », « d’anti-héros » ou encore de « sociopathe », Arthur Fleck présente plusieurs problèmes psychologiques. L’avis d’une psychiatre, la docteure Françoise Duplex. Attention spoiler.
Arthur Fleck souffre d’une maladie qui induit des fous rires, notamment dans les moments de stress. Est-ce qu’une telle pathologie existe vraiment ?
Françoise Duplex : Il arrive que des personnes aient un fou rire dans les moments de stress : il s’agit là de fous rires défensifs qui ne sont pas forcément liés à la folie. Mais dans le cas du Joker, il pourrait s’agir de « rires immotivés » relevant d’une dissociation idéo-affective. Ils sont alors les témoins d’une discordance psychique et on entre alors dans un cadre pathologique. Même si le film ne va pas jusque-là, les rires du personnage ou d’une personne réelle pourraient très bien être le signe qu’il/elle entend une voix et donc qu’il/elle est sujet à des hallucinations auditives émettrices de messages auxquels il/elle adhère. L’interlocuteur présent ressent un malaise, voire de l’angoisse devant une telle situation. Cela arrive chez les patients schizophrènes qui délirent.
Le personnage est renfermé, maladroit dans ses relations sociales, souffre d’hallucinations puis tombe peu à peu dans la violence après avoir été lui-même victime de sévices durant l’enfance. Quel type de diagnostic poseriez-vous ?
Il y a beaucoup d’éléments en faveur d’un trouble de la personnalité, comme je l’ai évoqué. Maintenant dire que « parce qu’il a subi des sévices, il est conduit à faire de même » est réducteur. En effet, toute personne maltraitée ne s’identifie pas forcément aux conduites d’un bourreau. Cependant, il est vrai qu’un enfant maltraité, « sadisé », soit cassé psychiquement et que cela entraîne des délires. Sans plus de détails, on entre ici dans le domaine de la psychopathologie.
Est-ce que le fait que ce film puisse conduire à avoir de l’empathie pour cet anti-héros est dangereux, et peut pousser des individus à adopter le même comportement ? Est-ce donc un film « dangereux », comme l’ont considéré plusieurs spectateurs sur le net ?
Dans n’importe quel film, le spectateur peut s’identifier au personnage. Mais effectivement, selon moi ce n’est pas une bonne chose de conduire à cela dans un film considéré comme violent.
Sources: sciencesetavenir.fr, refinery29.com/en-us/2019/09/8407419/joker-violence-racist-movie-reaction
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