(suite et fin)
La prise en charge comportementale est très importante selon toi. Comment est-elle acceptée par les cancérologues ?
David Servan-Schreiber : « C’est sur ce point que j’ai eu le plus de mal avec les cancérologues. La nutrition encore, ils l’acceptent, parce que c’est ce qui se rapproche le plus d’un médicament. Mais leur faire intégrer l’importance de la méditation, c’est un peu plus éloigné de leur manière de penser. »
L’idée qu’il y aurait une « personnalité du cancer » est-elle bien étayée ?
« Non, ce n’est pas très solide, c’est vrai. Lydia Temoshok a proposé le concept de « personnalité de type C » pour les patients atteints de cancer, par contraste avec la personnalité de type A qui caractérise les tendances agressives et impatientes des cardiaques. Tous les gens qui travaillent avec des patients finissent par tomber sur ce type de personnalité. On ne retrouve pas ces éléments psychologiques chez tous les patients, mais chez pas mal d’entre eux. »
De quels éléments psychologiques s’agit-il ?
« Comme moi, il s’agit souvent de personnes qui ne se sont pas senties pleinement accueillies dans leur enfance. Leurs parents ont pu être violents ou coléreux ou froids, distants et exigeants. Ces enfants ont reçu peu d’encouragements et développé un sentiment de vulnérabilité ou de faiblesse. Par la suite, pour être sûrs d’être aimés, ils se sont conformés à ce qu’on attendait d’eux plutôt que de suivre leurs propres penchants. Ils deviennent des adultes qui se mettent rarement en colère, ils sont toujours prêts à aider les autres, évitent les conflits. Pour garantir leur sécurité émotionnelle, ils s’investissent dans un seul aspect de leur vie : le travail, le mariage, les enfants. Lorsque celui-ci est menacé ou perdu, la douleur de l’enfance resurgit. Elle s’accompagne de sentiments d’impuissance, de désespoir et d’abandon, qui peuvent peser sur l’équilibre psychologique et corporel. C’est ce qu’un de mes collègues thérapeutes appelle le « touché-coulé ». La première blessure de l’enfance est supportable. Lorsqu’un deuxième coup frappe au même endroit, tout l’édifice psychologique et physique peut s’effondrer. »
Comment vit-on après un cancer ?
« On se soumet à des examens régulièrement, c’est une espèce d’habitude. J’ai conscience que mon corps porte des cellules plus agressives que la moyenne des gens, et qu’il faut garder ces cellules sous contrôle. »
Qu’y a-t-il pour toi après « Anticancer » ?
« Je suis en train de mettre au point un programme pour l’hôpital Pompidou à Paris. C’est parti du constat que les patients demandent aux cancérologues des conseils sur ce qu’ils doivent manger, et que les médecins ne savent pas toujours quoi répondre. Il faut aussi apprendre aux gens à se parler et parler de leurs émotions, mais ça, ça se met tout naturellement en place dans le cadre d’un programme qui s’intéresse à l’aspect nutrition, parce que tu constitues des groupes et bien sûr les patients en viennent naturellement à se parler. Ensuite, il faut amener les patients à se recentrer, cela vient facilement, c’est l’objectif de la méditation. Enfin, leur apprendre à dépasser les traumatismes du passé. »
Quel peut être l’impact de ce type de programme environnement-nutrition-esprit sur le cours de la maladie ?
« On ne sait pas très bien, mais je pense qu’il peut être énorme. Je ne peux pas dire que j’ai trouvé la solution définitive contre le cancer, que ça va résoudre tous les problèmes, mais je crois sincèrement que cela peut réduire le risque de cancer chez les personnes en bonne santé, et cela peut réduire le risque de mortalité chez ceux qui ont ou ont eu un cancer. Beaucoup de gens sont encore en vie grâce à ce type d’intervention. Je vais faire ce que je peux, avec ce livre, ce programme pour l’hôpital, et le site Internet que je lance, anticancer.fr. »
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1 mars 2008 at 20 h 17 min
Bonjour,
J’ai entendu tes commentaire aujourd’hui à l’émission… et un de mes plus grands désirs seraient de communiquer avec toi. Tu me rejoins dans mon âme et dans mon coeur car moi aussi je vis une des plus grandes épreuves de la terre, la mort de un de mes enfants, je t’écoute et j’aimerais échanger avec toi. Tu me rejoins au plus profond de mon être par ta grande force, ta simplicité, ton humilité, ton honnêteté et quand tu dis que ton épreuve te sert à aider et à comprendre les gens que tu rencontres, moi aussi je me sens comme ca car je pense que je peux apporter beaucoup aux gens par mon écoute, mon accueil et la souffrance que je vis encore après 10 ans… Mon fils Hugo est décidé le 1 juin 1996, accident tragique qui a changé ma vie et que je vais pleurer jusqu’à ma mort. J’aimerais échanger avec toi car j’ai senti ta souffrance et l’homme exceptionnel que tu es.
Cela m’a fait du bien de t’écouter, merci de ta grande générosité de partager ta vie et tes sentiments.
22 janvier 2008 at 18 h 04 min
Accompagnateur-bénévole « écoutant » auprès de cancéreux depuis 1991 et formateur par la pratique auprès des nouveaux écoutant :successivement à la Fondation québecoise du cancer,aux soins pallatifs Cuse Hotel-Dieu de Sherbrooke et tout récemment auprès des familles aux soins intensifs Cuse Fleurimont Sherbrooke.
-Pertinent ces témoignages concernant les liens psycho-somatiques et le cancer surtout de la part d’un médecin dont les collèques favorisent habituellement des diagnostiques centrés sur des relations de causalités fermés, excluant trop souvent la part de la psyché dans la gestion de la maladie.
Servan-Schreiber a fait la preuve que vivre une maladie et les souffrances à la fois corporelles et psychiques qui l’accompagnent peuvent ouvrir le « soignant médecin » à toutes les dimensions interactives inclusives à sa guérison.
Le corps est d’abord un système ouvert et interactif, voilà la première notion essentielle si on veut prétendre à sa quérison.
Roch Choquette,Sherbroole.