Ce que j’ai entendu au cabinet :

« Jai l’impression de penser de plus en plus à la nourriture »

« des gens vont mourir de leur TCA parce qu’ils n’ont plus de suivi médical »

« je suis coincée à la maison avec des gens qui ne savent pas que je suis anorexique. Je me cache et je mens constamment »

Chez les personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire (TCA), le confinement instauré au printemps 2020 a fait des dégâts.

La pandémie de Covid-19 a ainsi eu un impact négatif profond sur tous mes clientes souffrant de TCA.

Et que se passerait-il s’il y avait un nouveau reconfinement cet automne-hiver ? Je n’ose l’imaginer pour mes clientes dépendantes…

Des maladies du contrôle émotionnel…

…on bloque ses émotions, et le corps se venge !

Si le confinement national imposé en mars 2020 n’a pas épargné grand monde, les personnes venant me voir au cabinet souffrant de troubles du comportement alimentaire l’ont subi de plein fouet.

Leurs désordres sont, bien souvent, en lien avec les difficultés à gérer leurs émotions. Les TCA font donc partie des mécanismes de défense mis en place pour les éviter.

Ce sont des maladies du contrôle, qui dans ce contexte de perte de contrôle et d’incertitude générale peuvent être un refuge familier.

Mes clients ressentent : isolement, perte de contrôle, stress accru, etc

Dans ce contexte contraint, j’avais deviné que le confinement risque d’induire, chez certaines personnes plus vulnérables, un recours plus fréquent à l’alimentation comme un moyen de réguler ses émotions et de diminuer l’intensité du stress perçu. Cela peut aussi s’appliquer à d’autres addictions (sports, jeux, masturbation etc).

En France, plus de 600.000 adolescents et jeunes adultes (principalement des femmes), souffrent d’un TCA, d’après la Fédération Française Anorexie Boulimie (FFAB). Ils sont de trois types :

  • l’anorexie (restriction alimentaire)
  • la boulimie (des crises de prise alimentaire excessive suivies de mesures de compensation, telles que le sport excessif ou les vomissements)
  • et l’hyperphagie (des prises alimentaires excessives sans mesures de compensation et/ou irrégulières dans le temps).

Près de neuf clients sur dix ont déclaré une aggravation pendant le confinement

Pour évaluer l’ampleur des impacts du confinement sur cette population, des scientifiques britanniques ont interrogé 129 personnes souffrant de TCA via un questionnaire en ligne – dont 121 femmes.

Résultat, 87% ont déclaré que leurs symptômes s’étaient aggravés en raison de la pandémie, voire « beaucoup aggravés » chez 30% d’entre eux. Des chiffres à prendre malgré tout avec des pincettes, les participants ayant été recrutés sur les réseaux sociaux. Cela pourrait créer un biais dans lequel les personnes vivant mal leurs TCA auraient été plus enclines à répondre.

Ces effets négatifs sur le bien-être psychologique sont largement attribués à un sentiment de perte de contrôle, d’isolement social, une rumination accrue sur les troubles de l’alimentation et un faible sentiment de soutien social.

Les « oubliés » du suivi médical

Pendant le confinement, l’organisation caritative britannique Beat, spécialisée dans les TCA, a constaté une augmentation de 81% des contacts sur l’ensemble des canaux de la ligne d’assistance téléphonique.

En France au même moment, la ligne nationale Anorexie Boulimie Info Ecoute recevait 20% d’appels en plus, indiquait à RFi sa coordonnatrice Annick Brun. J’ai constaté la même chose sur ma ligne professionnelle; l’occasion d’écouter, de rassurer, et de donner des conseils sur comment se sentir mieux malgré le climat anxiogène, et pour certains, de donner des informations sur comment s’en sortir avec une hypnothérapie.

La dilution ou l’arrêt temporaire du suivi médical ont fait prospérer un sentiment d’abandon amenant certains participants à déclarer se sentir comme un « fardeau« , un « désagrément » et « oubliés«  par le gouvernement. Une des répondantes avoue que son anorexie y a vu l’opportunité « d’échapper » au traitement et perdre un maximum de poids…

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-> Les séances se font à mon cabinet toulousain, ou en télé-séances (par Skype, WhatsApp, Zoom), ou au domicile de mon client. Plus d’informations utiles pour résoudre votre problème en cliquant sur les liens en haut de ce blog « duvallevesque-psychotherapie-hypnose.fr ». Mailez-moi ou appelez-moi pour tout conseil dont vous avez besoin

Octobre rose : à Toulouse, les médecins rendent le parcours de soins des malades plus humain

Créé par des professionnels de santé, spécialisés dans la lutte contre le cancer du sein, l’institut du sein du grand Toulouse permet d’améliorer et de coordonner les parcours de soin des patientes.

Une façon d’éviter le sentiment d’abandon ressenti par beaucoup de malades.

Prendre rendez-vous chez un kinésithérapeute près de chez soi, faire les démarches administratives auprès des cliniques ou encore s’inscrire à un atelier thérapeutique, voilà des choses auxquelles ont droit les personnes suivies pour un cancer du sein.

Mais le plus souvent, ces patientes sont submergées par la maladie, car elle ne savent pas ou ne peuvent pas multiplier les démarches en plus des soins.

Alors, pour éviter ce sentiment d’abandon, des professionnels de santé toulousain ( oncologues, chirurgiens sénologues, radiologues,…) viennent de créer l’Institut du Sein Grand Toulouse. 

 »Même bien accompagnées sur le plan médical, nous savons que les patientes commencent un parcours du combattant et qu’elles cherchent de l’aide » explique Gaëlle Jimenez, radiologue et présidente de l’Institut du Sein Grand Toulouse (ISGT).

L’objectif de ce réseau est d’apporter un soutien pour coordonner au mieux le parcours de soins en préservant la qualité de vie des patientes pendant le traitement. Mais aussi après, au moment de la reconstruction ou de la reprise du travail.

Ce service d’accompagnement, totalement gratuit, est rendu possible grâce à trois coordinatrices de parcours qui interviennent dans sept cliniques toulousaines. Des jeunes femmes, spécialement formées, qui suivent chaque patiente individuellement.

Le manque de soutien psychologique à certains moments de la vie serait un facteur déclencheur majeur des troubles du comportement alimentaire comme l’anorexie ou la boulimie.

Peu de choses sont connues sur les facteurs contextuels familiaux qui augmentent le risque de troubles du comportement alimentaire comme l’anorexie ou la boulimie.

Des chercheurs de l’université du Minnesota aux Etats-Unis ont souhaité comprendre dans quelle mesure certains évènements de la vie familiale et personnelle pouvaient déclencher ces troubles dans le but d’améliorer la prévention de ces maladies.

Des personnes de tout âge (de 17 à 64 ans) souffrant de troubles du comportement alimentaire ont été interrogées sur leur passé et sur le déclenchement de leur maladie. Les chercheurs ont ainsi pu repérer 6 thèmes principaux qui précèdent le déclenchement d’un trouble du comportement alimentaire :

  • Le changement d’école : qu’il s’agisse d’un changement d’établissement ou du passage dans un niveau d’étude supérieur, plusieurs malades rapportent un sentiment d’abandon difficile à gérer dans cette situation.
  • Les changements relationnels : la rupture avec son compagnon ou sa compagne mais aussi le divorce des parents ou une nouvelle rencontre pour un des parents sont parfois associés à un sentiment d’abandon pouvant déclencher des troubles du comportement alimentaire. Une femme explique « je n’ai pas supporté que mon père parte avec cette ‘barbie’ plutôt que de rester avec nous ».
  • Le décès d’un membre de la famille : ou la mort d’un ami proche peuvent être très traumatisant. Le manque de soutien et la difficulté à gérer un tel évènement peut amener à des troubles du comportement alimentaire.
  • Un déménagement ou un changement de travail : là encore cette situation nouvelle peut donner lieu à un sentiment de perte de repères ou de la solitude pour lesquels la nourriture offrira un certain refuge.
  • Un problème de santé ou d’image de soi : une femme souffrant d’hypoglycémies (baisse du taux de sucre dans le sang) avait reçu comme conseil de manger fréquemment pour éviter tout malaise. L’application de cette directive ayant été poussée à l’extrême a alors déclenché la boulimie. Dans d’autres cas, la perte de poids liée à une maladie s’est accompagnée de commentaires positifs de l’entourage sur ce nouvel aspect physique ce qui a poussé la personne à continuer un régime inadapté, amenant alors vers l’anorexie.
  • Le viol, l’inceste et les abus sexuels : ces évènements sont souvent difficiles à confiés et amènent souvent peu de soutien en raison d’un manque de compréhension. L’alimentation peut alors jouer ce rôle ou servir d’outil : un corps en surpoids étant moins attirant, il protège de la situation vécue.

Les chercheurs concluent leur résultat en déclarant : « Les professionnels de santé doivent être au courant de l’importance de tels évènements qui surviennent pendant l’adolescence ou chez de jeunes adultes. Aider les parents à être à l’écoute et à soutenir leurs enfants au cours des évènements difficiles est probablement beaucoup plus important que d’essayer de résoudre le problème. »

Référence : Berge, J. M., Loth, K., Hanson, C., Croll-Lampert, J. and Neumark-Sztainer, D. (2012), Family life cycle transitions and the onset of eating disorders: a retrospective grounded theory approach. Journal of Clinical Nursing, 21: 1355–1363. doi: 10.1111/j.1365-2702.2011.03762.x

 

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Critique du livre « Le sentiment d’abandon: Se libérer du passé pour exister par soi-même » de SaverioTomasella, éditions Eyrolles, collection Les chemins de l’inconscient.

A la recherche de la source de certaines de nos craintes, rejets, besoins, nous avons tous un petit point commun qui, d’après l’auteur, nous lie : l’abandon, source commune, reconnue ou non par nous, de peur.

Depuis notre plus jeune âge, il rôde: depuis la rude séparation du ventre qui nous abritait, passant par les années d’intense dépendance à ceux qui nous maintenaient en vie entre autres en nous alimentant et par la présence de qui on se sentait exister.

Ainsi, l’attitude de ces adultes est capitale pour notre bon développement et la façon que nous aurons de gérer plus tard nos relations interpersonnelles et la solitude.

L’auteur nous offre dans la première partie de cet ouvrage des témoignages de gens souffrant des réminiscences de cette menace qui plane depuis leur enfance au dessus de leur tête, et dont l’inconscient, tentant d’y échapper encore et toujours, s’exprime différemment:

-> certains, ne supportent pas la solitude, craignent sans cesse d’être oublié ou rejeté, d’autres tentent d’établir des relations fusionnelles, se montrent jaloux ou ont une soif démesurée de reconnaissance. Cela peut aussi à l’inverse se manifester par une grande susceptibilité, la volonté de n’avoir besoin de personne, l’impression d’être toujours victime des autres. Certains encore se trouvent insensibles, croient qu’ils ne valent rien ou ont peur de la réussite. Enfin, il y a ceux qui entrent dans des sectes, se droguent, développent des troubles alimentaires…

Tant de comportements différents, reflets d’un rejet, d’un mauvais accompagnement lors de moments difficiles, d’un deuil, d’une séparation trop précoce, d’un manque d’attention, de pressions mises sur des épaulent trop frêles pour être la béquille d’un parent esseulé, d’une éducation trop rigide, de maltraitance, d’abus sexuels… développés dans la deuxième partie de livre.

Et tandis que nous faisons les frais de notre passé, que nous avons une interprétation faussée des événements, que nous tentons comme nous pouvons de combler nos manques ou de ne plus avoir de besoins, nous répercutons nos angoisses sur nos proches, nous donnons maladroitement à nos propres enfants des repères erronés.

Heureusement, après nous avoir fait réaliser tout ceci, l’auteur nous redonne espoir dans une troisième partie. En effet, avec un accompagnement adapté, une écoute attentive on peut prendre conscience de ces manques et ainsi faire en sorte qu’ils ne guident plus dans l’ombre nos pensées et nos actes, nous permettant de ne plus chercher au mauvais endroit ce qui nous comblera.

Il existe plusieurs types de thérapie et chacun choisit celui qui lui correspond.

Une fois la lumière faite, nous nous débarrasserons de ces pensées sur nous même qui nous empêchent d’avancer, nous aurons la faculté de prendre du recul face à certaines situations. Nous pourrons quitter notre rôle de victime du monde pour en devenir pleinement acteur, enfin nous accepter réellement pour nous même et non par rapport à autrui.

Renaître au monde avec un œil neuf qui voit vrai, prendre conscience de ses réelles capacités, entretenir des relations avec les gens plus vraies, être en paix avec son passé, son présent et son avenir et utiliser l’énergie que ce renouveau nous offre pour avancer dans la direction qui est la notre avec pour bagage nos ressources acquises au fils des ans sans boulet attaché à nos pieds…

L’auteur, Saverio Tomasella est psychanalyste, membre de l’association européenne Nicolas Abraham et Maria Torok. Il anime le site http://www.sujet.info

Plus d’infos en cliquant ici : « Le sentiment d’abandon: Se libérer du passé pour exister par soi-même » de SaverioTomasella, éditions Eyrolles, collection Les chemins de l’inconscient

Sources: Marie Bouceffa, mysterjo.wordpress.com