Comment est née l’idée du « Le livre noir de la psychanalyse« ?
Le projet d’un livre dénonçant les abus de la psychanalyse flottait dans l’air, depuis un certain temps.
Las de l’hégémonie et du mépris de leurs confrères, des psys non freudiens en caressaient l’idée.
Des historiens, informés des affabulations du célèbre docteur viennois, reconstituaient peu à peu le puzzle de la vérité.
Ils s’étonnaient de voir la légende encore enseignée au lycée et à l’Université.
Des malades victimes de la psychanalyse, notamment les familles d’enfants autistes, commençaient à émerger du bain de culpabilité dans lequel la psychanalyse version Bettelheim les avait plongés.
Il a suffi d’une étincelle pour que ces forces se rencontrent et que le feu s’embrase.
Certains journalistes ont cru déceler, dans ce Livre noir, le cheval de Troie des comportementalistes ; ils essaieront même de me faire avouer quelque tractation secrète à l’origine de l’entreprise. Je serais le chaînon manquant entre un rapport INSERM sur «l’évaluation des Psychothérapies» qui avait mis en émoi les freudiens et l’«amendement Accoyer» visant à réglementer le statut des psychothérapeutes… Pour eux, tout cela était une entreprise coordonnée.
La vérité est plus simple.
Juste un café entre amis, au soleil.
Une conversation à la terrasse d’un café à Paris rue de Linné près du Jardin des plantes, un jour ensoleillé du mois de juin 2004.
Ce jour-là, Didier Pieux, psychologue cognitiviste, Laurent Beccaria, directeur des éditions des Arènes et moi-même, débattions à bâtons rompus. Didier, qui s’occupait dans les années 1970 de jeunes délinquants, racontait ses efforts pour retricoter ce que la psychanalyse détricotait, à contre-courant du reste du monde.
– Comment ça se passe à l’étranger ? a demandé Laurent.
– La déconversion est complète. La psychanalyse est enseignée en fac de lettres, c’est tout. Elle a disparu du paysage, a répondu Didier.
– Tu veux dire que la psychanalyse est devenue une exception française ?
– Française et argentine.
J’enchéris : «Même aux États-Unis, la patrie de Woody Allen, le dogme freudien n’est plus enseigné en psycho ni en psychiatrie. La moyenne d’âge des psychanalystes frise les soixante-deux ans.»
Laurent Beccaria est tombé des nues en prenant conscience de l’incroyable décalage entre le statut de la psychanalyse en France et à l’étranger.
La discussion a duré.
Et c’est là, entre deux expressos, que Le Livre noir a pris forme. Avec une idée simple : rassembler des contributions du monde entier pour une mise en question frontale de la psychanalyse. C’était le début de nos aventures. Et de nos ennuis…
En France, la psychanalyse reste malheureusemen trop présente. C’est l’un des rares pays où elle est encore enseignée comme science médicale, et non comme une simple page de l’histoire des idées.
Avant ce livre, plusieurs autres avaient été édités à l’étranger sur les mensonges cliniques de Freud.
Il n’est ni le plus virulent, ni le plus complet à l’encontre de la mythologie freudienne. Mais saluons tout de même les auteurs d’avoir osé braver la puissance du lobby psychanalytique en France.
«Le Livre noir de la psychanalyse proposait un débat sain, utile. Les adversaires ont décidé qu’il n’aurait pas lieu.» Michel Onfray
Lors de sa parution en 2005, « Le Livre noir de la psychanalyse » a suscité une polémique sans précédent : levée de boucliers médiatiques, avalanche de tribunes et de protestations.
Malgré le tir de barrage des gardiens du temple freudien, ce livre est heureusement devenu un best-seller en France et à l’étranger.
Car les questions qu’il soulève sont rudes et ne se réfutent pas d’un trait de plume :
Freud a-t-il menti sur ses résultats ?
La psychanalyse guérit-elle ?
Pourquoi continue-t-elle de culpabiliser tant de mères, notamment celles des enfants autistes ?
Faut-il éduquer les enfants comme si le complexe d’Oedipe était une vérité établie ?
Nos rêves et nos actes ont-ils tous un sens caché ?
Pourquoi une telle hégémonie de la psychanalyse en France, alors que son recul est spectaculaire à l’étranger ?
Ouvrage international et très argumenté, « Le livre noir de la psychanalyse » s’est imposé comme la référence de la critique du freudisme.
Cette nouvelle édition abrégée comporte les ajouts suivants :
– le récit de la genèse du Livre noir et de sa sortie mouvementée
– des révélations sur la double vie de Freud
– l’analyse de la diabolisation comme mécanisme de défense des psychanalystes
– l’évolution du statut de psychothérapeute et de leur formation
– le revirement à 180 degrés des psychanalystes sur l’autorité parentale.
Faut-il pour autant jeter toute la clinique psychanalytique avec l’eau du bain ?
Peut-être pas, car si l’hystérie a disparu de l’étude et de la classification des maladies, une approche clinique analytique simple peut parfois aider en cas de symptôme somatomorphe (symptôme qui, prenant la forme d’un symptôme du corps, n’est pourtant pas associé à une lésion pouvant en rendre compte : le « corps parle »).
C’est un travail passionnant à lire, parfaitement documenté et référencé; quarante auteurs ont été réunis sous la direction de Catherine Meyer. Parmi eux, et représentant pas moins de dix nationalités, des historiens, des philosophes, des psychologues, des médecins, des chercheurs, et même des patients.
Auteurs principaux : sous la direction de Catherine Meyer, ancienne élève de L’Ecole normale supérieure.
Mikkel Borch-Jacobsen, philosophe, historien de la psychanalyse et professeur à l’Université de Washington.
Jean Cottraux, psychiatre honoraire des Hôpitaux, et chargé de cours à l’Université Lyon 1.
Didier Pleux, docteur en psychologie, directeur de l’Institut français de thérapie cognitive.
Jacques Van Rillaer, professeur émérite de psychologie de l’Université de Louvain-la-Neuve, Belgique.
-> Vous avez tout à fait le droit de ne pas être d’accord.
Mais faites-vous votre propre opinion en lisant
« Le livre noir de la psychanalyse » – Collectif sous la direction de Catherine Meyer, édition les arènes
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