Deuil, effroi, traumatisme individuel ou collectif…

Quels sont les effets du traumatisme psychique chez l’adulte ?

Quelles sont ses particularités ?

Quels dispositifs de soin proposer face à cette clinique de l’extrême ?

Cet ouvrage pluriel, écrit par plusieurs auteurs, a un chapitre intéressant sur les références historiques du traumatisme psychique.

Ainsi, en 1888, Hermann Oppenheim, neurologue allemand, utilise pour la première fois la définition de « névrose traumatique » pour expliquer les accidents de chemin de fer dont les victimes présentaient un tableau clinique caractérisé par des répétitions, des cauchemars et des réminiscences de la scène traumatique, ainsi que des manifestations de type anxieux ou encore des réactions de sursaut et d’hyper-réactivité à des stimuli évocateurs du traumatisme.

F. Duval-Levesque, psychopraticien, hypnose, coach, mal-être, anxiété, angoisse, addiction, traumatismePendant la même période en France, à la Salpêtrière, Jean-Martin Charcot fait les mêmes constats auprès de ses patients.

Mais il attribue les symptômes à des formes cliniques d’hystérie en se basant sur une notion de chaos nerveux qui prolonge le patient dans un état dissociatif, déconnecté de la réalité (Charcot, 1889).

Il constate une spécificité des symptômes qui surviennent après un choc psychique qui peut être défini comme “traumatique”, et qui provoque une dissociation de la conscience. Cette intuition pose les bases du lien « traumatisme-dissociation » des névroses, qui sera ensuite repris par Pierre Janet.

En continuant les études de Charcot sur l’hystérie, Janet développe une théorie selon laquelle une situation terrifiante peut rendre le sujet temporairement incapable de gérer ses schémas cognitifs (Janet, 1898). L’hystérie serait une maladie mentale qui porte à une division de personnalité par un mécanisme de défense contre le débordement psychique provoqué par un choc.

Janet identifie le traumatisme psychique comme principale cause de la dissociation, le choc subi provoquant une désagrégation psychique qui ne permet pas au sujet de garder un souvenir de l’expérience vécue dans son ensemble et de pouvoir l’intégrer à son histoire personnelle. La personne exposée à l’événement traumatique vient ébranler les croyances et les frontières préalablement établies et structurant l’existence. Le vécu lors de l’expérience traumatique est spécifique à chaque individu et s’exprime de façon différente bien au-delà de ce qui est perceptible.

L’expérience traumatique garde des impressions sensorielles partielles, des souvenirs cognitifs et des traces de mémoire qui s’expriment à travers des idées fixes de nature verbale ou motrice. Le processus de dissociation peut être ainsi décrit : un événement extrême provoque un choc, une émotion violente chez le sujet. Il ne peut pas y faire face, car l’événement est tellement inattendu par sa nature et sa temporalité qu’il n’a pas les éléments pour le coder et donc l’intégrer dans son histoire passée. La réaction sera celle d’une action dissociante qui, d’un côté amène à un rétrécissement du niveau conscient du sujet et en même temps, à un dédoublement de sa personnalité.

Malheureusement, c’est le trop fameux contemporain de Janet, Sigmund Freud, qui propose des théories du traumatisme psychique et un concept du trauma, donnant une lumière différente à la clinique et la compréhension de la névrose traumatique, mais uniquement à la lumière du dogme de la psychanalyse naissante…

Comme illustration de la technique de guérison proposée par la psychanalyse, voici un extrait du célèbre article de Rachel Rosenblum, Peut-on mourir de dire ? : « Le silence de l’analyste est intolérable. Il est signe, non d’une indifférence aux événements de ma vie, mais d’une dépréciation de ce que j’ai de plus intime. Fin de non-recevoir de mes dons, de ce qui sort de mon ventre, de ce que je produis : ma marchandise alors c’est de la merde ? Autant donc ne rien donner, ne rien dire ; au moins le silence est d’or. Mais ce silence lui aussi m’est intolérable. D’où la nécessité impérieuse d’entendre mes paroles reprises et prises… » (Rosenblum, 2000, p. 126)

En résumé, à travers 12 fiches, cet ouvrage interroge la clinique du traumatisme : les classifications psychiatriques, les traumatismes collectifs, l’impact du trauma intentionnel et non intentionnel, le contexte humanitaire.

Enfin sont abordées les multiples prises en charge : thérapie individuelle, de groupe, hypnose…

Cet ouvrage s’adresse à tous les professionnels ouverts d’esprit qui s’intéressent au traumatisme psychique, et à ses conséquences.

Source : Le traumatisme psychique chez l’adulte : 12 fiches pour comprendre, sous la direction MMes Dozio, LAroche-Joubert, Baudet, éditions In Press